Biographie

Damso, une enfance au pied de la mort




Dans les rues d’une ville qui l’a vu grandir, il se souvient d’une époque de crise, traversée par la guerre.
Alors qu’il dévoile son troisième album, Damso n’a pourtant jamais été aussi proche de son enfance.
Pour QALF, il est revenu en République Démocratique du Congo, pour promouvoir ses origines aux travers de son nouvel album. Et non pas l’inverse.
Vagabondant dans les artères de Kinshasa, il déploie intimement ses souvenirs. «À l’époque, ça tirait de tous les côtés, ça hurlait de partout, raconte-t-il au Parisien.
Il y avait des pillages, des viols. Miraculeusement, nous n’avions pas été touchés jusqu’à ce que des voisins nous dénoncent car nous avions de l’argent.
En pleine nuit, toute la famille a dû fuir en s’entassant dans une Jeep avec quelques affaires pour se réfugier dans un petit appartement de 20 m2 en immeuble,
dans le quartier de la Gombé. J’étais gamin et je ne comprenais pas ce qu’il se passait. »





Lancement dans la musique



Damso : «J’ai monté un plan de carrière»


Dans ce parcours délicat, Damso puise une motivation inébranlable. Presque folle. En Belgique, il se prend d’amour pour le rap, qu’il découvre auprès de son grand-frère,
justement. Lors de la promotion de Lithopédion, il confiait d’ailleurs auprès de Moustique qu’il n’était clairement pas le meilleur rappeur de la famille.
«J’étais non seulement mauvais, mais lui était très fort. Je me rendais compte qu’il y avait encore du boulot. Alors je me suis entraîné à fond.
J’écrivais et quand il venait me provoquer en freestyle, je faisais celui qui s’en foutait, car je ne me sentais toujours pas à la hauteur.»
Lequel commence par une décision cinglée : prendre ses distances avec sa famille et devenir SDF, avec comme seul abri la gare du Midi, à Bruxelles.
Dos au mur, Damso doit briller et mettre à exécution ses certitudes. Trente-quatre centimes, ce serait tout ce qu’il avait dans les poches pour mener à bien son projet.
Le salut viendra de Miami, tandis que Booba le repère et lui propose de poser sur sa mixtape OKLM. Étincelant avec “Poséïdon”,
il sera ensuite invité sur “Pinocchio” pour frapper au coeur du rap francophone. L’histoire est en marche, et Damso en sourit. Car désormais,
ce sont ces mêmes trente-quatre centimes que l’on retrouve floqués sur la cover de QALF, en tant que nom de son label. Une revanche symbolique et puissante.


Le détachement des réseaux sociaux


Le détachement des réseaux sociaux On en vient donc à cette histoire de caravane, et de studio ambulant. Selon son plan de carrière, Damso aura tout fini en 2022, comme une mission accomplie.
La transition de Lithopédion à QALF aura été humainement charnière pour l’artiste. Déjà, par rapport à sa mère, malade.
Il se confronte une nouvelle fois à la dureté de la réalité et d’un système médical qui nécessite un budget important. «Ça coûtait cher, avoue Damso sur Clique.
J’aime ma mère, mais ça demande des thunes. Si j’avais travaillé dans une épicerie, j’aurais pas pu. C’est une maladie très rare, qui demande des soins,
beaucoup de choses.» Alors Damso se plonge dans QALF et fait des concessions. «C’était son anniversaire quand j’enregistrais, et j’ai pas été la voir.
Parce que je faisais du son et il faut que je cartonne. C’est une réalité».
Une période qui le rattache à l’essentiel. Un essentiel qu’il trouve également auprès de son fils, Lior, 3 ans et demi.
Il lui dédit le morceau “Deux toiles de mer”, en samplant même un appel téléphonique qui permet de faire le pont au milieu d’une fresque en deux parties.
Le prénom Lior, qui fait référence à la lumière, semble définitivement allumer un halo au milieu du personnage sombre que représente Damso.
Souvent trop loin de son fils, à cause de son travail, le rappeur bruxellois confie un manque éperdu. Il s’auto-qualifie même de père absent, une plaie béante pour un parent.
Mais il ne lésine pas sur l’éducation, et lui transmet son amour des mots. «Au plus tôt il pourra parler, au plus tôt il pourra demander ce qu’il veut. Et plus il pourra demander ce qu’il veut, plus il pourra avoir ce qu’il veut»,.